Description
Cyriel se gratta la tête et jeta un coup d’œil de
biais vers sa fille. Décidément, Mathilde était bien
plus perspicace qu’elle n’en avait l’air.
Dans la pièce du fond, la fenêtre était restée incli-
née, afin d’aérer les lieux. Souvent, Cyriel laissait la
porte du magasin ouverte, pour favoriser la circula-
tion d’air, bien sûr, mais surtout pour attirer le cha-
land. «Voyez, clients potentiels, la librairie est acces-
sible, bienvenue!» Provenant de la fenêtre, des bruits
de perforatrice se faisaient entendre à intervalles irré-
guliers. Un chantier de construction venait de com-
mencer dans les parages, et les dérangements ris-
quaient de se prolonger pendant plusieurs mois.
— Papa, je crois voir quelque chose… dis-moi
si je me trompe.
Cyriel reporta son attention sur l’écran.
— Le motif, sur la chevalière, on dirait que c’est
une pieuvre…
— Une pieuvre ? Moi, je ne vois qu’une grosse
tache… mmh… effectivement, avec ces espèces de
traits qui sortent de la tache, ça pourrait être une
pieuvre… mais ça pourrait aussi être autre chose…
une fleur, un insecte…
— Non, c’est bien une pieuvre… mais alors,
mais alors!
Mathilde s’était redressée et regardait son père,
l’air soudain apeurée.
— Papa, la pieuvre… c’est le symbole de la
mafia