Le quotidien encre ses récits depuis dix ans

Chamblon – Catherine Gaillard-Sarron a pris un virage à 180 degrés, en 2009, en se lançant dans l’écriture. Après avoir publié une vingtaine d’ouvrages à compte d’auteur, elle est ravie d’avoir osé changer de voie.

Sur le papier, Catherine Gaillard menait une vie parfaite: mariée à l’homme dont elle est tombée amoureuse à l’âge de 19 ans, maman de trois enfants, et employée de commerce à l’Organisation romande pour l’intégration et la formation professionnelle, à Pomy. Pourtant, elle avait envie de davantage de liberté et de temps pour se consacrer à sa passion: l’écriture. «Le soir de mon 50e anniversaire, le 7 novembre 2008, mon époux Claude m’a suggéré d’aller me promener pendant qu’il préparait le souper, se rappelle Catherine Gaillard-Sarron. Assise sur un banc,  j’ai vu tomber une feuille. Et là, je me suis dit que c’était ce dont j’avais envie. Je voulais voir les feuilles tomber. Je voulais prendre le temps de vivre, de saisir, dans cet envol, le secret de la vie, sa fugacité et sa précarité.» Et d’ajouter: «C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne me réalisais pas dans la voie professionnelle qui était la mienne.» Quand son mari a pris sa retraite l’année suivante, la Française d’origine a donc donné sa démission pour se consacrer à ses textes.

De l’idée à l’autopublication

L’auteure a démarré avec deux livres de nouvelles, Un fauteuil pour trois et Des taureaux et des femmes, publiés en 2009 et en 2010 aux Éditions Plaisir de lire. «Le problème, avec les maisons d’édition, c’est que tout prend du temps. Quatre ans d’attente sans aucune certitude de voir l’ouvrage suivant publié, c’était trop long pour moi qui n’ai plus 20 ans, lance Catherine Gaillard-Sarron, avec le sourire. J’ai donc décidé de m’autopublier, même si le chemin est semé d’embûches, car l’essentiel, pour moi, est de partager mes écrits et de préférence de mon vivant!»

Des textes, à la couverture, en passant par la promotion de ses œuvres, la Nord-Vaudoise se charge désormais de tout. «L’écriture n’est ni un hobby ni une sinécure, c’est une passion. C’est elle qui me fait me lever le matin et m’empêche de me coucher le soir, avoue-t-elle. Et je dois dire que ça me plaît d’avoir mon indépendance.»

Cette liberté qu’elle s’est offerte, elle l’explore même sur le plan stylistique, puisqu’elle navigue entre les romans fantastiques, les récits satiriques, les nouvelles et les polars, notamment. «Je suis dans toutes mes histoires, mais dans aucune en particulier, poursuit Catherine Gaillard-Sarron, en alimentant le mystère. Rédiger des poèmes, c’est plus récréatif pour moi, et ça m’apaise. Et c’est aussi grâce à la lumière que je trouve dans la poésie que je peux, sans m’y perdre, explorer la part sombre de l’être humain dans mes nouvelles ou dans mes romans. J’ai besoin des deux pour garder mon équilibre.»

Et c’est là la clé de sa réussite personnelle: l’équilibre. Car avant de se consacrer entièrement à la littérature, elle écrivait déjà depuis une dizaine d’années, mais «ses textes étaient trop personnels», selon elle. C’est avec l’expérience, et après avoir surmonté quelques mauvais coups du sort, que l’auteure a pu se focaliser sur l’essentiel et véritablement libérer sa plume. «En repensant à l’un de mes anciens cours de poterie, j’ai compris que lorsque je rédigeais mes premiers écrits, j’étais décentrée. Un jour, j’avais essayé de fabriquer une pièce sur un tour de potier et au moment où j’allais la terminer, elle avait été éjectée, raconte l’artiste. Ma prof m’avait alors dit: normal, elle n’était pas bien centrée.»

Plus de 4000 pages autopubliées

Après plus de dix ans d’écriture et 24 ouvrages édités, ainsi que des CD de poèmes avec sons harmoniques, on pourrait croire que Catherine Gaillard-Sarron a fait le tour. Que nenni. Dans ses deux derniers ouvrages, qu’elle présentera le 18 mai (à 17h) au refuge de Chamblon, elle plonge ses lecteurs dans deux nouveaux univers: les nouvelles érotiques, avec Le baiser du bourdon, et une sorte de comédie, avec Madame Serpit-Coht. Dans ce dernier, on assiste aux discussions d’un couple qui passe en revue, commente et critique l’actualité. «C’est un texte que je verrais bien jouer sur scène», avoue l’écrivaine, qui ne cache pas son désir de se lancer désormais dans des pièces de théâtre.

Christelle Maillard

La Région – Edition N°2485

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